Assis sur le trottoir, quelques électriciens ont sorti des sandwichs. Les autres se massent contre les grilles et applaudissent la «prise de contrôle de l'outil de travail par les camarades» qui occupent le poste Ampère, à Saint-Ouen. Ils ont coupé une des trois lignes à très haute tension du site. «Ça ne privera aucun usager d'électricité, assure Bruno Giuliani, un syndicaliste CGT, employé aux services centraux d'EDF. Mais nous entendons faire pression sur le gouvernement pour l'empêcher de toucher au statut de nos entreprises.» «Attendons les conclusions de la commission promise par Sarkozy pour statuer sur le besoin ou non d'ouverture du capital», tonne Michel Dumazeau, responsable de l'intersyndicale en région parisienne.
Malgré l'enjeu, la foule des «bleus» n'est pas au rendez-vous : 150 électriciens à l'intérieur, à peu près autant à l'extérieur. «La mobilisation faiblit», reconnaît Christophe Lefèvre, employé au service clientèle à Villeneuve-la-Garenne. La faute, selon lui, à la priorité donnée aux actions spontanées. «On apprend que telle ou telle action est en cours au dernier moment. Difficile de quitter son poste sur-le-champ. Du coup, on se retrouve essentiellement entre syndicalistes.»
Constat tempéré par un jeune électricien : «On n'est peut-être pas très nombreux ici mais des actions décentralisées se multiplient partout en France.» Autour de lui, on bruisse des autres occupations de postes et de toutes les coupures : le casino de Biarritz, la mairie de Douai,