C'était début juin. «Allô ?» C'est votre banquier. Il a une «très belle opération» à vous proposer. L'Etat ouvre le capital de Snecma, ce serait dommage de passer à côté... Mais attention : vous n'avez que quelques jours pour prendre votre décision.
Pour vous aider, le conseiller financier vous a susurré les mots magiques peaufinés par l'agence de communication Valefi : «un leader mondial», «des clients dans plus de 140 pays», «les missiles et les drones, les lanceurs spatiaux et les satellites», «18 mois d'exonération de frais de garde»... Comme 800 000 autres particuliers, vous avez craqué.
Et depuis hier, vous éprouvez une sorte de reconnaissance à l'égard du dit banquier : pas de mauvaise surprise lors de la première journée de cotation où le titre a clôturé à 15,70 euros (+ 0,64 %).
Pourtant, au départ, personne n'y croyait. «Les gens ne se sont pas précipités d'eux-mêmes, admet une conseillère patrimoniale CIC du sud parisien. «L'éclatement de la bulle boursière avait vacciné pas mal de monde. Mais l'histoire montre que les privatisations sont toujours intéressantes.»
Tout proche, le responsable d'une agence Société Générale a «fait faire l'opération à un maximum de clients». «La Bourse est un jeu à la portée de tous !», s'enthousiasme-t-il. Le directeur de l'agence BNP-Paribas voisine, lui, a sélectionné parmi ses clients ceux «capables de gérer assez de stress». «Je ne vends pas à la petite vieille de 85 ans.» Des précautions dont s'est dispensée la conseillère de la Ban