Genève, de notre correspondant.
La 92e session de la conférence de l'Organisation internationale du travail (OIT) vient de s'achever. Entretien avec son directeur général, le Chilien Juan Somavia.
Depuis dix ans, vous négociez avec la junte birmane sur le travail forcé. En vain ?
Il y a encore cinq ans, Rangoon ne donnait aucun signe d'ouverture. Aujourd'hui, nous obtenons des premiers résultats. Il faut continuer à se battre, à ne jamais renoncer. Sous Pinochet, des Européens s'interrogeaient : «Devons-nous couper tout lien avec ce régime et cet Etat ?» Ma réponse a toujours été : «Conservez vos ambassades et protestez au Chili même contre les violations des droits de l'homme. Ne nous laissez pas seuls, même si c'est plus facile pour votre opinion publique et sa bonne conscience.»
Inde, Brésil ou Etats-Unis n'ont pas ratifié la plupart des conventions de l'OIT. En Chine, il n'y a même pas de liberté syndicale. Que faire ?
En Chine, la liberté d'association est liée au processus politique. Un «rééquilibrage» s'esquisse entre l'impératif de croissance et le social. Pékin a ratifié la Convention sur l'interdiction du travail des enfants, discute de celle sur la non-discrimination à l'emploi. Mais résiste sur le travail forcé. Quant aux Etats-Unis, 60 millions de travailleurs n'y ont pas d'espace de négociations collectives.
Comment jugez-vous l'évolution de la liberté syndicale dans le monde ?
Dans l'ex-URSS, en Amérique latine, en Asie, et même dans les Etats du Golfe, le processus