De Saint-Avold (Moselle) à Jelcz-Laskowice (Pologne), envoyé spécial.
Le bus avale de nuit une autoroute allemande gorgée de poids lourds. A l'aube, il atteint la frontière polonaise. Les passagers descendent dans le petit matin glacial. Beaucoup d'hommes et une seule femme. Ils sont quarante en tout, venus de l'usine Ronal de Saint-Avold (Moselle) où 167 personnes fabriquent des jantes en aluminium pour l'industrie automobile. Destination : la Basse-Silésie en Pologne. Le groupe Ronal, dont le siège est en Suisse, y possède deux usines qui emploient plus de 1 000 salariés. Ce sont eux que les Ronal souhaitent rencontrer pour les alerter sur leur situation. Début mai, l'ordre de transfert vers ces unités polonaises de 40 moules de fonderie utilisés à Saint-Avold a mis le feu aux poudres en Moselle. Perdre 40 moules, «cela représentait une baisse de charge de 75 % en mai, juin et juillet, et cela sans aucune garantie pour la suite, puisque nous fonctionnons avec une vision à trois mois», explique un cadre de l'entreprise.
Garde à vue. Les salariés et leur intersyndicale (CGT, CFTC et CFE-CGC) ont flairé la délocalisation. Ils ont bloqué les moules et continué à produire en quasi-autogestion, leur directeur Gabriel Kochanowski (qui n'a pas souhaité répondre à Libération) ne faisant plus que de brèves apparitions. Il a passé la journée du 4 juin en garde à vue, en compagnie du président du directoire de Ronal, Ferdinand Speckert. Michel Beaulier, procureur de la République de Sar