Vergèze (Gard), envoyé spécial.
Numéro un mondial de l'eau embouteillée (Vittel, Contrex, San Pellegrino, Perrier, etc.), fier d'une progression de ses ventes de plus de 9 % en 2003, Nestlé n'aime pas qu'on lui résiste. Or, depuis presque neuf semaines, les salariés de la source Perrier, à Vergèze dans le Gard, bloquent environ 20 % de la production par des grèves tournantes : les 75 % d'employés grévistes s'opposent à un plan de suppressions de postes. Dans un courrier adressé à ses 1 650 salariés, le directeur du site, Christian Nesme qui refuse de parler à la presse , ne cache pas son irritation : alors que la «pleine saison» est entamée, «nous ne sommes plus en mesure de livrer certains marchés», ce qui fait «courir un risque important à la marque et à ses salariés».
«Chantage». Réplique de Jean-Paul Franc, responsable CGT de l'usine de Vergèze : «C'est un chantage insupportable ! Ils sont prêts à sacrifier la saison 2004 pour nous forcer à signer leur plan de réduction des effectifs. Parce que s'ils voulaient vraiment ne pas perdre trop de parts de marché cet été, ils embaucheraient le même nombre de saisonniers que l'an dernier (350, contre 106 aujourd'hui, ndlr).» A l'origine du conflit : la volonté de Nestlé propriétaire de Perrier depuis 1992 via sa filiale Nestlé Waters France (NWF) d'augmenter sa productivité dans l'eau en bouteilles en supprimant 1 047 emplois sur 4 100, sous forme de départs à la retraite anticipés d'ici 2007 (Libération du 3 février). Les