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Libération
Interview

«Le principe de précaution reste extérieur au travail»

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André Cicolella, chercheur en santé environnementale :
publié le 22 juin 2004 à 1h10
(mis à jour le 22 juin 2004 à 1h10)

Chercheur en évaluation des risques, André Cicolella est responsable de la commission Santé des Verts.

Après la catastrophe sanitaire de l'amiante, le système de prévention des risques professionnels a-t-il été amélioré?

Non, cela n'a rien changé : le principe de précaution reste extérieur au milieu du travail. Prenez l'exemple des valeurs limites professionnelles (VLP), ces normes d'exposition préconisées en milieu de travail. Fondées sur une philosophie datant des années 30, elles restent le fruit d'un compromis social et non pas d'une évaluation sanitaire. On voit ce que cela a donné avec l'amiante : la VLP adoptée n'a pas empêché la catastrophe sanitaire. Les VLP correspondent à un niveau de risque jugé acceptable mais qui est en fait très élevé. C'est une protection tout à fait illusoire qui expose une personne sur dix ou une personne sur cent à un produit cancérogène concerné.

De plus, il n'existe que 600 VLP alors qu'il y a 100 000 substances chimiques sur le marché européen. Parmi les 30 000 les plus utilisées, seules 3 % ont été évaluées par rapport à leur toxicité pour la santé humaine ! Beaucoup ont des effets multiples et on manque de connaissances en toxicologie, épidémiologie et expologie. Mais il est sûr que, parmi les produits chimiques utilisés en milieu professionnel, certains ont un effet cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction, qui n'a pas encoré été identifié (1). Il est imposible de ne pas faire le rapprochement entre le déve