Berlin de notre correspondante
Wolfgang Müller, le représentant d'IG Metall chez Siemens à Munich, est totalement abattu. Depuis hier matin, son téléphone n'arrête pas de sonner. Le grand syndicat allemand de la métallurgie vient d'accepter de faire passer une partie des salariés de Siemens de 35 heures à 40 heures par semaine. Début mars, la direction du groupe d'électronique grand public allemand avait menacé de délocaliser en Hongrie 2 000 emplois de sa branche de téléphonie (ICM), estimant que les coûts salariaux y sont inférieurs de 30 %. Lancée deux mois avant l'élargissement de l'Union européenne aux pays de l'Est, cette affaire avait provoqué un vaste débat sur le maintien de l'emploi en Allemagne. Le chancelier, Gerhard Schröder, avait même accusé les entreprises de manquer d'esprit citoyen.
«Terrible échec». Vendredi, la direction d'IG Metall à Francfort a tenté de défendre l'idée qu'elle venait de «sauver» 2 000 emplois et qu'elle avait «réussi à écarter le risque de suppression de 74 000 postes en Allemagne». Mais Wolfgang Müller, lui, voit les choses autrement. «C'est un terrible échec, commente-t-il. Une tragédie pour nous et pour les salariés. Car, au bout du compte, cela veut dire que leur salaire sera amputé de 20 %. Et cela risque de faire jurisprudence chez Siemens et ailleurs.» «Pas du tout», rétorque Berthold Huber, vice-président d'IG Metall : «Les règles en vigueur sur les 35 heures continuent à s'appliquer pour les 105 sites de Siemens en Allemagne.» Le