La SNCF brade-t-elle ses missions de service public ? Il y a trois semaines, les professionnels du bois accusaient la SNCF de renoncer au transport de bois et de fermer des gares de chargement, prétextant les pertes abyssales causées par ces trafics. Cette semaine, voilà les régions Aquitaine en tête qui s'inquiètent de voir la SNCF remettre en cause certains trains Corail (lire ci-contre). Dans les deux cas, l'entreprise est accusée de sacrifier l'intérêt général à la seule rentabilité. Scandale ? Non, car plus rien ne justifie que l'entreprise joue les mécènes pour le bien-être de la collectivité. Et si la Loti (loi d'organisation des transports intérieurs, qui date de vingt ans) exige de la SNCF qu'elle développe son activité «selon les principes du service public», la formulation gagnerait à être dépoussiérée.
Sermonnée. Ces dix dernières années, le paysage ferroviaire a été bouleversé par les directives bruxelloises préparant l'ouverture à la concurrence (partielle pour le fret, prévue pour les voyageurs). La SNCF a hérité de contraintes nouvelles : pour ne pas fausser la concurrence (même si celle-ci est encore théorique), il est interdit à la SNCF de vivre de subventions publiques ou encore de financer via ses activités bénéficiaires (le TGV par exemple) celles qui ne le sont pas (le fret ou les trains Corail). Chaque activité est tenue de présenter une comptabilité séparée. Et l'entreprise est sermonnée par ses ministères de tutelle chaque fois qu'elle termine l'a