«L'an deux mil quatre et le trente juin...» Style solennel d'une lettre d'huissier. Il s'agit d'une «convocation à un entretien préalable à une éventuelle sanction disciplinaire». La missive a été reçue par trois électriciens. Quinze jours durant, ils ont participé à l'occupation du poste Ampère de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Pascal Magnien, le directeur du réseau de transport dont ils dépendent, le TENP (Transport électricité Normandie Paris), leur reproche «des agissements gravement répréhensibles», «constitutifs d'une faute lourde». Sans que soit mentionné un fait précis dont ils seraient responsables.
«Prise d'otages». Hier matin, Jean-Louis Maury, 36 ans, Jacques Aubin, 48 ans et Serge Fligny, 52 ans, se rendaient donc à la convocation, au siège du TENP, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Permanents syndicaux ou grévistes d'une matinée, environ 300 collègues les escortaient. Tous se posent la même question : «Pourquoi eux et pas nous ?» Bientôt l'interrogation vire à l'indignation. Frédéric Imbrecht s'empare du mégaphone : «Plusieurs milliers de salariés participent au mouvement depuis le 8 avril. Pourquoi prendre ces trois-là ? C'est une prise d'otages !» tonne le secrétaire général de la CGT mines-énergie.
A quoi tient une telle convocation ? A un malheureux hasard selon les intéressés. Serge Fligny estime que «tout s'est joué lundi 28 juin, vers 7 h 15». «Le directeur et un huissier ont sonné au portail d'Ampère. Naturellement, Jean-Louis Maury, délégué CGT du site, est