Buenos Aires, de notre correspondant.
Sous le regard d'un technicien d'Aguas Argentinas, une dizaine d'ouvriers, dont quelques femmes, creusent des tranchées de chaque côté des chemins boueux qui quadrillent La Matanza, banlieue pauvre de Buenos Aires, où la moitié des 1,8 million d'habitants n'a pas accès à l'eau potable. La scène se répète au gré des îlots d'insalubrité. A La Matanza, Aguas Argentinas a relié au réseau d'eau 150 000 personnes entre 1993 et 2003, soit 15 000 personnes par an. L'entreprise, dont la majorité du capital est détenue par le groupe français Suez, a récemment signé un accord transitoire avec le gouvernement argentin et s'est engagée à investir 65 millions d'euros pour relier au réseau d'eau 100 000 habitants de plus d'ici à la fin de l'année.
Si la promesse est tenue Aguas Argentinas, tête de Turc du président Nestor Kirchner dans son offensive contre les entreprises étrangères qui gèrent la plupart des services publics du pays, devrait se retrouver en bien meilleure posture pour renégocier la concession de l'eau dans le Grand Buenos Aires (10 millions d'habitants) jusqu'en 2023. Car depuis la dévaluation brutale du peso en janvier 2002, Suez conditionnait la reprise de ses investissements dans le secteur de l'eau et des égouts à une augmentation préalable de ses tarifs. Dans un pays où la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, l'exigence était inacceptable pour le gouvernement qui menaçait alors de lui retirer la concession. E