A Bordeaux,
Des vins de pays avec le nom du cépage (syrah, pinot noir...) écrit clairement dessus, et, pourquoi pas, des copeaux pour leur donner un goût boisé à moindres frais : c'est la nouvelle martingale pour redonner du pep's à une filière vinicole française étrillée sur les marchés d'exportation par les vins australiens, américains ou chiliens réputés plus sexy pour les consommateurs peu éclairés. A peine une semaine après le feu vert donné par le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, à une réforme d'ampleur de la filière vinicole française (Libération du 22 juillet), la polémique a flambé. Cépage ou pas cépage ? Copeaux or not copeaux ? En Bourgogne et dans le Bordelais, où jusque-là seules les appellations d'origine contrôlées (AOC) avaient droit de cuvée, l'idée de se lancer dans une «mixité» sur le modèle du Languedoc-Roussillon ou de la Provence suscite de nombreuses réserves.
Le Bordelais a pourtant officiellement réclamé cette mesure. Pour Christian Delpeuch, nouveau président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), la création de vins de pays dans la région «va dans le bon sens» car elle permettra de mieux concurrencer les vins étrangers en diversifiant l'offre. «C'est trop tard. On est foutu», estime en revanche Régine Lecourt, 50 ans, viticultrice à Morizes, dans l'entre-deux-mers. Le plan Gaymard, avec sa dissociation entre «marketing de l'offre» (les vins AOC, exigeants et fondés sur le terroir) et son «marketing de la demande» (les vins