Vergèze (Gard), envoyé spécial.
«Bienvenue sur ce site de 75 hectares où sont produites 3,5 millions de bouteilles par jour. C'est considérable, car Perrier exporte 45 % de sa production dans 130 pays. Déjà, au début du siècle dernier, on buvait du Perrier dans toutes les colonies britanniques...» Hier matin, à la visite de 10 heures, des touristes venus de Haute-Savoie, Orange, Lyon ou Manchester assistaient au «spectacle industriel grandeur nature» évoquant la fabuleuse épopée de la maison Perrier. Le guide loue les prouesses techniques, vante «la verrerie intégrée u-nique-au-monde», conte les recherches menées, il y a un siècle, par le docteur Louis Perrier et, devant la source, réclame théâtralement le silence pour écouter le bouillonnement de l'eau qui remonte à la surface. Un discours lénifiant qui a du mal à dissimuler une atmosphère tendue. Inutile de songer à s'éloigner du minibus. Au moindre pas de côté, des vigiles accourent.
Chantage. Une heure plus tard, le guide conclut la visite en apothéose : «...Et nous appartenons maintenant au grand groupe Nestlé.» Puis lance : «Des questions ?» Pas à ce sujet. Pourtant, les visiteurs ne peuvent pas ne pas avoir vu les inscriptions à la peinture blanche qui, sur la route, jalonnent l'arrivée à l'usine : «Nestlé tue l'emploi», «Nestlé = chômage».
Dans le local du comité d'entreprise (CE), élus et délégués CGT se sont réunis autour de la cafetière. Régine, Momo, Laurent, Christian et les autres tentent d'imaginer leur avenir. «