Alain Prédo, fondateur du groupe Paul Prédault et créateur de la marque vedette de jambon Le Foué, s'est rendu hier avec armes et bagages à l'une de ses concurrentes les plus puissantes, Monique Piffaut, propriétaire du holding du groupe William Saurin, et grande prêtresse des conserves de cassoulet et des plats cuisinés façon traiteur. Une capitulation en rase campagne pour Alain Prédo : en difficultés financières depuis quelques années, il avait choisi d'entraîner Monique Piffaut dans une interminable valse-hésitation.
En avril 2003, déjà, le roi du jambon, avait conclu un «accord de principe» pour céder sa participation majoritaire (71 % du capital et 78 % des droits de vote) à William Saurin. Pour faire volte-face trois mois plus tard et claquer la porte au nez de Monique Piffaut. En prétextant, vachard, que cette femme d'affaires n'avait «pas obtenu la confirmation des concours bancaires nécessaires à cette acquisition». Enfin, le 21 juin, Alain Prédo déclarait qu'il était toujours à la recherche d'un repreneur sur un «marché de la charcuterie industrielle restreint» et qu'il préférait, tant qu'à faire, vendre son groupe familial à un industriel plutôt qu'à un financier.
Il a donc été entendu par la très patiente madame Piffaut. Qui aura tout de même fort à faire pour redresser la maison Prédault. L'an dernier, elle a essuyé une baisse de 0,6 % de son chiffre d'affaires (84,6 millions d'euros) et encaissé une perte nette de 2,74 millions d'euros (contre 5,26 millions l'an