Une presse taille-douce datant du XVIIIe siècle toujours en activité, 230 000 poinçons d'acier, dont les plus vieux ont été fabriqués sous François Ier, 224 000 idéogrammes chinois gravés sur bois... Au long de ses 364 ans d'existence, l'Imprimerie nationale a accumulé toute une histoire. L'autre trésor, ce sont les 17 salariés de son atelier du Livre. Un éventail de métiers en voie de disparition : typographes orientalistes ou graveurs de poinçons, seuls représentants de leur métier en France.
«Nous sommes la dernière fonderie de caractères», lance Joël Bertin, fondeur monotype, qui fabrique les caractères de plomb. L'ouvrier imprimeur a le même âge que sa machine : «Elle a tourné en 2 x 8 pendant cinquante ans.» Jusqu'au jour où elle s'est arrêtée, fin 2002 : plus personne ne savait la faire marcher. L'imprimerie ne pouvait plus fabriquer ses caractères. Joël Bertin avait quitté l'atelier depuis vingt ans pour se retrouver dans les services commerciaux de l'IN à la suite de plusieurs reconversions. «Le service du Livre est venu me chercher : impossible de trouver un autre fondeur mono.» Par passion, Joël a accepté.
C'est par passion encore qu'un graveur de poinçons de l'Imprimerie a lui-même décidé de recenser la totalité de la collection de poinçons pour la faire classer comme monument historique. Poinçons tibétains, persépolitains, malabars... «On peut travailler en 64 langues et dialectes différents», assure Gilles Contesenne, typographe orientaliste. Il fait partie des d