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Libération

Les grands groupes français narguent une économie en berne

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publié le 9 août 2004 à 1h42

Ce sont les profits de la crise. En langage économique, on dit que les entreprises «ont reconstitué leurs marges». Autrement dit, elles ont restructuré, aplani, réorganisé, supprimé des postes. Objectif : baisser les coûts, augmenter la productivité, devenir plus compétitives. Depuis deux semaines, les sociétés du CAC 40 affichent les unes après les autres des résultats spectaculaires, à de rares exceptions près. Suivant Total, Renault, Schneider Electric, BNP-Paribas et d'autres, Axa est venu compléter vendredi la série avec l'annonce d'un bénéfice net multiplié par sept au premier semestre (lire ci-contre). Et pourtant... Dans le même temps, le chômage continue de grimper, la reprise reste «molle», pour reprendre l'expression des conjoncturistes. L'économie française offre un étrange paradoxe, comme si elle était coupée en deux : des groupes en pleine santé, mais une conjoncture languissante et un chômage persistant.

«Pas tordu». «La hausse de la rentabilité est la contrepartie des gains de productivité», estime Christian de Boissieu, professeur à l'université Panthéon-Sorbonne. Autrement dit, ils traduisent les plans de réduction des coûts dont l'effet sur l'économie ne va pas franchement dans le sens de la croissance. «On a vu apparaître mi-2003 un effort de redressement des marges par compression des coûts, souligne Olivier Gasnier, économiste à la Société générale. Ce n'est pas très bon pour l'emploi. Ce n'est pas une configuration surprenante.» Et c'est ainsi qu'«une l