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Libération

Les cours flambent et les moutardiers en prennent de la graine

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Les industriels inventent une moutarde mi-forte, plus économique à produire mais moins fine.
publié le 14 août 2004 à 1h46

Elle figure à coup sûr dans les rayons condiments. Moutarde mi-forte. «Parce qu'il y a un marché pour les gens qui trouvent la moutarde de Dijon trop forte», expliquent les fabricants. Ils sont plus discrets sur une autre raison : s'ils se sont tous engouffrés dans le filon, c'est aussi que cette préparation, à la différence de la très orthodoxe moutarde de Dijon, permet l'adjonction d'épaississant... donc la diminution des graines de moutarde. Un moyen malin trouvé par les fabricants pour contrer la hausse constante du cours de la graine. Un peu moins de graine, un peu plus d'agent de texture ou d'huile, et voilà quelques centimes d'euro de sauvés par pot. «Honnêtement, ce n'est pas pour cela qu'on développe ces produits», assure Pierre Girier, directeur général d'Amora-Maille, propriété du lessivier américain Unilever depuis avril 2000 et acteur archidominant (80 % du marché français). Dans une PME concurrente on ne cache pas que les bénéfices grappillés sur ce type de produit, si minimes soient-ils, sont les bienvenus...

Depuis cinq ans, le cours de la satanée graine s'est transformé en mauvaise blague pour les moutardiers. Depuis 2001, la tonne a grimpé de 319 à 425 euros. L'explication de cette flambée, il faut la chercher de l'autre côté de l'Atlantique. La moutarde de Dijon doit sa saveur à la graine brune importée quasi systématiquement du Canada (80 % de la graine mondiale, toutes catégories confondues). La Reine de Dijon s'approvisionne à 100 % là-bas. Amora-Maille