Julia (1), 30 ans, garde des enfants à domicile près de Marseille. Courant juillet, elle s'est rendue à un entretien d'embauche. «La mère m'a regardé bizarrement mais n'a rien dit. Une semaine plus tard, elle m'a rappelée : "Votre image corporelle ne convient pas à la garde de mes enfants."» Julia pèse 103 kg. Professeur de guitare surdiplômé (diplôme d'Etat, médaille d'or du conservatoire...), Pascal, 46 ans, est obèse. Depuis huit ans, il a postulé à une centaine de postes. A chaque fois, même refus : «Vous n'avez pas le profil.» Françoise, 37 ans, 101 kg, a fini par renoncer à chercher un emploi de secrétaire, pour lequel elle est pourtant diplômée. «Je fais des ménages. Là, pas de problème pour trouver : c'est caché, et peu valorisé.»
«Contrôle». Discrimination professionnelle antiobèses : le phénomène, identifié depuis longtemps aux Etats-Unis, s'étend en France. Sur les forums Internet, on recense de plus en plus de témoignages, mais encore aucune plainte en justice. Sociologue spécialiste de l'alimentation à l'université de Toulouse-le Mirail, Jean-Pierre Poulain travaille sur la première étude française sur le sujet. 400 personnes ont déjà été interrogées. Les résultats définitifs devraient être présentés à l'automne. «Pendant longtemps, le modèle esthétique de minceur était uniquement appliqué à la sphère privée : la séduction, le couple... explique-t-il. Aujourd'hui, il déborde dans le monde de l'entreprise, associé à des représentations morales. Si quelqu'un est gr