En 2000, les paradis fiscaux et les centres off-shore ont bien cru que leur dernière heure était venue. Les instances internationales l'OCDE, le Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux (Gafi), le G8, etc. rivalisaient pour dresser des listes noires de pays «non coopératifs», véritables moutons noirs de la finance mondiale. Avec les députés PS Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, le Parlement français s'en prenait violemment à Monaco, au Liechtenstein ou à Jersey...
Le résultat de cette mobilisation quatre ans après ? Pas grand-chose selon Thierry Godefroy et Pierre Lascoumes, chercheurs du CNRS spécialistes de la délinquance financière qui viennent de publier un ouvrage sur les places off-shore (1). Le combat était perdu d'avance, puisqu'il reviendrait à mettre en cause le fonctionnement légitime et normal de la finance internationale.
Vous portez un regard pessimiste sur les résultats de la mobilisation des années 2000.
Il peut l'être si l'on regarde l'écart entre les très grandes ambitions de départ (réguler la finance mondiale en mettant au pas les centres financiers off-shore, repérer les circuits déviants et faire obstacle aux flux financiers de l'argent sale) et le résultat. Au bout du compte, on a très peu avancé. On s'en est pris à l'Egypte ou la Birmanie, mais les véritables centres off-shore, comme les îles Caïmans ou Guernesey, n'ont pas été mis à l'index. En France, seules les relations financières avec Nauru, dont l'importance est négligeabl