Directeur adjoint du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), Michel Fouquin y dirige les recherches sur l'intégration internationale. Entretien.
Pourquoi la Chine fait-elle figure d'«épouvantail textile» ?
Elle était jusqu'à présent la plus contrainte par le système de quotas, qui ne frappaient pas tous les pays en développement. Ensuite, la Chine dispose d'importantes capacités de production inemployées. Enfin, Pékin a un autre avantage compétitif : l'intégration verticale. Elle peut tout faire : produire de la matière première (coton), la transporter, assurer la confection, voire la création... C'est l'énorme problème d'autres pays, comme le Bangladesh, qui s'est développé grâce à des préférences commerciales, un accès libre et privilégié en Europe, et qui risquent de payer au prix lourd la compétitivité chinoise.
Y a-t-il des limites à cette expansion ?
Les grands pays industrialisés peuvent mettre en place des clauses de sauvegarde, conditionnelles et temporaires, qui permettent de bloquer des importations. Les Etats-Unis y ont eu recours en novembre 2003 pour contrer les importations massives de tissus de laine, de robes de chambre et de soutien-gorges chinois (1). Mais ces mécanismes de sauvegarde ne seront utilisables que jusqu'en 2013 au plus tard. Stratégiquement, l'Union européenne et les Etats-Unis doivent stimuler l'innovation de mode et de marketing, ce qu'on appelle la «recapitalisation créative». L'Europe semble mieux protégée que l