Cécile, casquette blanche, et Véro, casquette kaki, se relaient au micro. Elles occupent le premier rang de la petite centaine de manifestants qui s'étaient rassemblés, hier, devant le siège de Vivendi Universal, à deux pas de la place de l'Etoile, à Paris. Sur une feuille, elles ont compilé tous les slogans qui leur sont passés par la tête. «210 personnes au chômage, Cegetel assure ses marges», «Nos emplois partent au Maroc. Nos revenus : les allocs»... Quand la rime sonne et qu'elles trouvent le bon tempo pour la scander, quelques-uns de leurs collègues commencent à se déhancher, à frapper dans leurs mains et à taper du pied en rythme sur le trottoir de l'avenue de Friedland. ça ne dure jamais longtemps, elles veulent tester toutes leurs trouvailles. «Allez, on passe à "Cadences accélérées. Pour finir : licenciés."»
Cécile et Véro sont toutes deux salariées de Timing. Ce centre d'appel, basé à Montrouge (Hauts-de-Seine), sous-traite le service de renseignements téléphoniques de l'opérateur SFR. Il appartient au groupe B2S, qui a présenté en juin un plan social visant selon les syndicats, à supprimer 210 emplois sur 348, en délocalisant progressivement le travail de nuit et du dimanche vers le Maroc (Libération du 20 août 2004). Hier, la direction de B2S a publié un communiqué assurant le maintien des emplois de «plus de 60 % des 280 équivalents temps plein.» Ce qui fait tout de même 112 postes sans avenir assuré.
«Marchandage». Linda, 27 ans, est venue comme ses collègues po