Calais envoyée spéciale
Elle est le luxe de Calais : la Leavers, une dentelle tissée à l'ancienne, portant le nom des métiers, vieux d'un siècle, qui la fabriquent encore. Ce samedi, au salon de lingerie Interfilière à Lyon, elle sera vantée pour sa finesse, la complexité de son dessin, et la seule à séduire les marques haut de gamme, Chantal Thomass ou Aubade.
Mais la reine se meurt. Les merveilles électroniques actuelles, Textronic, Jacquardtronic ou Hightex, tricotent trois à quatre fois plus vite. Le nombre de fils en mouvement est moindre : 66 seulement pour le Hightex, contre 120 pour la Leavers. Mais la qualité de leur dentelle, tricotée et non tissée, n'égale pas l'ouvrage craché par les lourdes machines de fonte.
Zapping. Ces dernières, qui ne sont plus fabriquées, décryptent des cartons perforés et entrelacent des arabesques de fils. La dentelle Leavers exige 24 étapes de fabrication avec l'intervention d'une quarantaine de métiers. Rien que pour maîtriser l'outil, il faut dix ans à un ouvrier spécialisé. Cette main-d'oeuvre pointue fait le prix de la Leavers : 6 euros le mètre, quand le concurrent japonais, Sakae Lace Co, le seul à avoir récupéré un parc de métiers et formé des ouvriers pour ses usines chinoise et thaïlandaise, la vend moitié moins chère.
«Les gestes à la production sont les mêmes qu'il y a cent ans, mais nous travaillons pour un marché de plus en plus volage», soupire Xavier Harismendy, responsable de la communication chez Noyon, leader mondial de la