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Libération

Dakar se cache au bout du fil du télémarketing

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publié le 6 septembre 2004 à 2h01

Dakar (Sénégal), de notre correspondante.

Depuis six mois Marième Fall, 21 ans, travaille à PCCI. Chaque appel téléphonique doit se faire dans un français impeccable. «Quand je suis à PCCI je suis Michèle Duval. Il vaut mieux que je m'appelle Michèle, plutôt que Marième. On est censé être à Paris, faut être plus sérieux.» L'écran de son ordinateur, qu'elle fixe 40 heures par semaine, la renseigne sur le client français qui ne se doute pas qu'elle se trouve à 6 000 km, ses ongles teints au henné et ses tresses s'emmêlant parfois dans son écouteur.

Premium Contact Center International (PCCI) est le pionnier de la délocalisation dans les métiers de téléservices en Afrique noire francophone. Dans le quartier de Mermoz, à trois kilomètres du centre de Dakar, un énorme bâtiment blanc en cours d'extension abrite 800 employés qui font de la «gestion à distance de la relation client, comprenant téléservices, télémarketing et télétravail». En fait, ces «téléacteurs», comme PCCI les appelle, en moyenne 25 ans et bac + 2, font de la vente, de la fidélisation et des enquêtes de satisfaction pour une trentaine d'entreprises. Majoritairement françaises, celles-ci appartiennent aux secteurs de la téléphonie mobile et fixe, de l'accès Internet, de l'édition, de l'agroalimentaire et de la banque. Elles préfèrent que leur nom reste secret. Au téléphone, les employés deviennent Michel(e) Duval ou Pascal(e) Ceyrac. Non pas que ces noms soient courants au Sénégal mais plutôt parce que les prénoms a