Sophie, 39 ans, publicitaire, a été licenciée parce qu'elle refusait d'écrire un faux témoignage contre une collègue.
«Cela faisait presque deux ans que je travaillais dans cette agence de pub et, suite à un changement de direction, le climat se dégradait. En six mois, on a perdu presque 25 % de l'effectif. Les cadres, un à un, étaient virés et on recevait des mails pour nous rassurer. Du style : "Monsieur X a décidé de se consacrer à sa passion..." Mais il faut savoir traduire le langage de l'entreprise. "A choisi de faire autre chose", cela veut dire "était devenu indésirable chez nous".
Un jour, un des directeurs de l'agence me convoque dans son bureau. En beaucoup de circonvolutions, il me fait comprendre qu'ils sont en train de licencier une directrice de clientèle. Un des plus gros salaires de la boîte, et de nombreuses années d'ancienneté. Donc licenciement pour faute lourde, pour ne pas avoir à payer les indemnités. Il me dit ensuite que "si jamais" cette personne allait aux prud'hommes, il aurait besoin du témoignage écrit de tous ceux qui l'ont côtoyée pour prouver la faute lourde. Evidemment, elle n'avait commis aucune faute, il le savait aussi bien que moi. Mais il m'a parlé de "loyauté envers l'agence", m'a répété qu'il fallait "se serrer les coudes". Je suis ressortie écoeurée. En partant, j'ai dit que je n'avais été témoin d'aucune faute, que j'avais toujours eu de bonnes relations professionnelles avec cette directrice et que je ne pouvais pas témoigner contre