Cadre dans la région parisienne, Paul a fait sa rentrée il y a une petite semaine. «J'ai retrouvé mon entreprise telle que je l'avais quittée avant les vacances. Figée. La seule obsession de la direction est de faire des économies. Il n'y a pas d'argent, pas de projets, pas de changements. Personne ne bouge, tout le monde attend la reprise.»
Même si la croissance pointe à nouveau son nez, même si le chômage s'est infléchi en juillet (- 0,5 %) et les offres d'emploi des cadres sont reparties à la hausse, la rentrée s'annonce incertaine. Les créations d'emploi, tant espérées avec la reprise, ne sont pas encore là et le chômage frôle toujours les 10 % (9,8 % en juillet). Conséquence : les circuits d'embauche sont encore grippés. Peu de recrutements, peu de départs, turn-over en baisse. «Chez nous, il a diminué de moitié entre 2001 et 2003», remarque Paul. En 2003, huit cadres sur dix n'ont connu aucun changement professionnel, selon une étude de l'Apec (Agence pour l'emploi des cadres), publiée fin juin (1). Seuls 4 % ont changé d'entreprise et un petit 13 % a connu un changement en interne. Le grand immobilisme ? Le chômage rend frileux. Tant que les offres d'emploi ne repartent pas franchement, le cadre s'accroche à son poste comme une moule à son rocher, même s'il est trop anguleux et pas aussi bien exposé qu'il le voudrait.
Réflexion. «Avant, quand leur travail ne leur plaisait pas, les gens pouvaient claquer la porte et changer d'entreprise. Aujourd'hui, ils réfléchissent à