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Libération

Dette irakienne : l'autre champ de bataille franco-américain

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publié le 10 septembre 2004 à 2h05

Pas d'huissiers en queue-de-pie pour les accueillir. Pas de limousines bleu marine et vitres fumées pour les déposer dans la cour d'honneur de l'Hôtel des ministres à Bercy. Discrets, ils sont venus de Tokyo, Berlin, Washington, Rome, Moscou... En tout, ils sont 19, tous de «très hauts fonctionnaires». Un pour chaque pays appartenant à cette non-institution qui siège au ministère de l'Economie : le Club de Paris, créé en 1956. Les représentants des pays membres se réunissent une fois par mois pour tenter d'harmoniser leur générosité. Au menu du tour d'horizon entamé hier, et qui pourrait se prolonger aujourd'hui : le niveau d'annulation de la dette extérieure irakienne.

Richesse potentielle. Toute une bataille. Deux camps s'affrontent sur l'ampleur des sommes à annuler. Les Etats-Unis plaident pour une annulation presque totale de la dette, alors que la France, la Russie, le Japon s'y opposent, compte tenu de la richesse potentielle de l'Irak, qui a sous les pieds les deuxièmes réserves pétrolières du monde. «Comment expliquerez-vous aux pays pauvres très endettés, comme le Nigeria, qu'on va faire en trois mois pour l'Irak plus qu'on a fait en dix ans pour les plus pauvres du monde ? Ce n'est pas convenable», avait déclaré Jacques Chirac en juin lors du G8 à Sea Island, aux Etats-Unis. Avec George W. Bush, le désaccord avait tourné à l'affrontement public. Chirac s'était dit favorable à «une annulation substantielle autour des 50 %».

Alors que, dans les années 80, l'Irak avait