Dommage collatéral ou effet boomerang ? Si l'ardoise irakienne déchire les pays riches, elle embarrasse les ONG qui, depuis des années, militent pour un allégement massif de la dette des pays les plus pauvres. «Entre nous, c'est la cacophonie, résume un militant allemand, le bordel le plus complet.» Et le triomphe du paradoxe. Les réseaux les plus radicaux et aussi les plus antiguerre, partisans d'une annulation inconditionnelle et immédiate des dettes jugées illégitimes, se retrouvent ainsi sur les positions «abolitionnistes» de Washington, déterminés à rayer 95 % de la dette irakienne. Les plateformes plus «réalistes», soucieuses d'avancées pragmatiques, sont bien forcées de reconnaître des vertus aux positions de Paris, pour qui l'offensive américaine se fait au détriment d'autres pays surendettés et potentiellement beaucoup moins riches.
Chef de file des ONG «dures», le Comité d'annulation pour la dette du tiers-monde (CADTM) surfe sur la ligne américaine. Mais va au-delà. «On milite pour 100 % d'annulation des dettes extérieures publiques passées et actuelles, dit Eric Toussaint, y compris celles, privées, contractées auprès des multinationales américaines.» Comme le CADTM, Jubilee Irak, lancé en mars 2003, table sur un effet boule de neige. «L'Irak est le pire exemple d'endettement, le cas le plus extrême. Si on raye ses ardoises, d'autres pays pourront suivre», raconte Justin Alexander, de Jubilee Irak.
Un argument qui laisse sceptiques les ONG plus «modérées». «Les Eta