Marseille, de notre correspondant.
OMI, zombie du droit. Saisonnier agricole étranger, tu es l'OMI, du nom du contrat de travail qui, délivré par l'Office des migrations internationales, t'a fait venir là. OMI, mais pas tout à fait homme. Contrat honni, féodal. L'exploitant agricole va chercher ses saisonniers au Maroc, officiellement, faute de main-d'oeuvre en France. Officieusement, parce qu'ils en font plus pour moins cher. 800 euros au bas de la fiche de paie. Une misère pour le travail fourni, l'équivalent de six mois de salaire au Maroc. Même après quinze, vingt, trente ans de travail, pas d'ancienneté et toujours la même qualification, au plus bas : «Manoeuvre, coefficient 100.» Les heures sup ? Payées moins que le Smic, de la main à la main. Pas de samedi, pas de dimanche : logé sur la propriété, l'OMI est disponible, immigré sans droit ni statut, saisonnier quasi à l'année (huit mois de travail, drôle de saison). Dans certains secteurs des Bouches-du-Rhône comme les fruits et légumes, l'agriculture ne tient que grâce à eux. C'est même devenu une habitude: en trois ans, les contrats OMI ont augmenté de 82 % en France. Près de 15 000 saisonniers OMI ont été embauchés en 2003. Certains paient même pour venir travailler. Jusqu'à 8 000 euros pour obtenir le premier contrat. Ils remboursent la somme en plusieurs années aux chefs de culture, des Marocains parfois, établis en France dans les exploitations, qui organisent leur venue.
«Délocalisation à l'envers.» «Main-d'oeuvre