Lille, de notre correspondante.
Cent cinquante ouvrières se sont massées vendredi devant les grilles de la Redoute, à Wattrelos, près de Roubaix. Devant le hangar presque aveugle, où elles sont 2 000 à ramasser, trier, emballer chaque jour les commandes des clients, elles ont arrêté le travail pour soutenir Catherine Sarazin, qui pleure dans les bras d'une collègue. Cette répartitrice de commandes de 38 ans, dont 22 sans histoires à la Redoute, a été convoquée pour un entretien de licenciement pour faute grave. Motif ? Le 9 septembre, deux témoins l'auraient vue déchirer une cinquantaine de papillons de commande sur les 8 000 qu'elle traite par jour et les jeter à la poubelle. Telle est la version de la direction, qui l'a mise à pied le lendemain. Catherine nie en bloc. «On l'accuse de faits qu'elle n'a pas commis, pour se débarrasser d'elle», répondent les syndicats SUD, CGT et FO, qui annoncent 1 300 signatures de soutien afin d'obtenir le retour de l'ouvrière.
Jeter des étiquettes de commande mérite-t-il la porte ? «C'est un manquement aux règles de production», répond la direction. Un sabotage ? «Le mot est un peu fort. Le papillon, c'est la commande de la cliente, qui garantit qu'on ramasse le bon produit et qu'on l'envoie bien. S'il y a un incident, ça génère de la non-qualité.» Résultat : «La cliente n'est pas livrée en 24 heures chrono». Circonstance aggravante pour l'ouvrière : «Elle avait été rappelée à l'ordre huit jours plus tôt sur ce point-là.» Elle dit bien