Washington, de notre correspondant.
Penseur original et inclassable, Jeremy Rifkin est connu pour son livre la Fin du travail. Il vient de publier un nouvel essai au titre tout aussi provocateur, du moins aux Etats-Unis : The European Dream, le rêve européen, ou «comment la vision du monde de l'Europe éclipse tranquillement le rêve américain». Le livre sera publié en France par Fayard en 2005.
Personne, en Europe, ne saurait trop définir ce qu'est le «rêve européen». Quelle drôle d'idée avez-vous eue ?
L'Europe est pourtant en train de créer un nouveau rêve, radicalement différent du «rêve américain». C'est un rêve qui est mieux adapté pour un monde globalisé que l'American dream. Le rêve européen est fondé sur l'inclusion, la diversité culturelle, la qualité de la vie, le développement durable, les droits sociaux, les droits de l'homme universels. Le rêve américain est d'avantage basé sur l'individualisme et l'accumulation de la richesse. Il avait une grande valeur pendant la période d'expansion, quand les ressources à exploiter paraissaient illimitées, mais, aujourd'hui, le monde est si peuplé, si interconnecté, si vulnérable, que chaque action affecte la vie des autres. L'idée qui est au coeur du rêve américain, à savoir qu'un individu peu agir librement, de façon autonome, est devenue un mythe. Personne n'est à l'abri d'épidémies, de virus informatiques, d'attaques terroristes, du réchauffement de la planète, de scandales financiers.
L'Europe est déclinante, démographiquemen