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Libération

Corsica Ferries, profiteur de guerre

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Déjà en passe de doubler sa concurrente, cette société privée fait son beurre de la crise.
publié le 23 septembre 2004 à 2h15

Marseille, de notre correspondant.

Pendant la crise à la SNCM, la Corsica Ferries (CF) se frise les moustaches. D'abord, l'opérateur privé a récupéré le trafic passager de la compagnie publique pendant les deux semaines de grève du STC (Syndicat des travailleurs corses). Un mauvais coup qui arrive après plusieurs années de grignotage par la CF des parts de marché sur le trafic maritime Corse-continent. Les syndicats de la SNCM voient à terme se profiler le «monopole jaune» ­ couleur de la CF. Et s'en alarment : c'est le sort de leur compagnie qui se joue. Selon la CF, en 2000 la SNCM assurait encore 82 % du trafic continent-Corse. Elle n'est plus qu'à 53 % en 2003, contre 37 % à la CF. Si l'on ajoute le trafic à partir de l'Italie (d'où la SNCM n'opère plus), la Corsica a transporté, l'an dernier, 1,7 million de passagers vers la Corse, contre 1,2 million pour la SNCM.

«Opacité». La Corsica (1 200 salariés, 146 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2003) est accusée de faire son beurre grâce à «l'écrémage du trafic rentable» alors que la SNCM se tape, service public oblige, des lignes déficitaires. Alors que la compagnie publique ne peut proposer des tarifs moins chers que la concurrence ­ selon une règle édictée par Bruxelles contre l'autorisation de recapitalisation de l'Etat ­, la CF se veut low-cost. Elle offre parfois des billets à 5 euros (par passager), voire 1 euro (par véhicule). Pour les syndicats de la compagnie publique, la CF, qui bat pavillon italien, est ent