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Libération

La Chine panique sans son brut russe

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En suspendant ses livraisons, Ioukos complique les rapports pétroliers des deux pays.
publié le 23 septembre 2004 à 2h15

Pékin, de notre correspondant.

C'est le genre de crise dont les dirigeants chinois se seraient bien passés : une partie de leur approvisionnement pétrolier se retrouve otage du conflit entre le Kremlin et la compagnie russe Ioukos, qui a annoncé cette semaine qu'elle suspendait ses livraisons à l'un de ses clients chinois. 100 000 barils de pétrole brut par jour, soit un million de tonnes jusqu'à la fin de l'année, seront affectés par cette décision unilatérale : pas de quoi faire dérailler l'économie chinoise en pleine lancée, mais suffisamment pour renforcer le sentiment de fragilité d'un pays qui découvre cette année sa dépendance énergétique croissante vis-à-vis du monde extérieur.

Pékin ne veut pas dramatiser le problème inattendu qui a surgi cette semaine avec Ioukos, d'autant plus que les Chinois savent très bien dans quel contexte de bras de fer avec le Kremlin elle se produit. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères s'est contenté d'espérer sèchement que «les autorités russes appelleront Ioukos à respecter ses contrats signés avec des sociétés chinoises, et à tenir sa promesse de livrer du pétrole à la Chine».

Défaillance. La Chine a été d'autant plus surprise par l'annonce de Ioukos qu'elle s'était engagée, cet été, à payer les frais de transport du pétrole russe par rail en cas de défaillance de cette société au bord du gouffre financier. De plus, fin août, le Premier ministre russe, Mikhaïl Fradkov, avait assuré Pékin que les difficultés de Iouk