Ouagadougou, envoyé spécial.
Pourquoi la croissance ne génère-t-elle pas ou si peu d'emplois ? Cette interrogation n'est pas réservée aux pays riches du Nord. L'Afrique a, elle aussi, décidé de se pencher sur une question qui se pose avec une acuité particulière sur ce continent : entre 1981 et 2001, le nombre de personnes vivant avec un dollar par jour a, en effet, doublé en Afrique subsaharienne, passant de 164 à 314 millions de personnes (sur une population totale estimée à 820 millions). Dans certains pays, moins de 10 % de la population dispose d'un travail rémunéré. Un chiffre qui doit être pondéré par l'existence d'un vaste secteur informel, par nature inquantifiable, permettant à de nombreux foyers de survivre. Face à l'ampleur de cette catastrophe, les chiffres de la croissance retrouvée en Afrique paraissent bien dérisoires : selon le Fonds monétaire international (FMI), celle-ci devrait enregistrer un taux de 4,5 % en 2004, avant de grimper à 5 % l'an prochain.
Microcrédit. Réunis début septembre au Burkina Faso, les dirigeants de l'Union africaine (qui regroupe une cinquantaine de pays) ont adopté un plan d'action visant à favoriser la création d'«emplois décents» (en opposition aux emplois informels). Lors d'un sommet extraordinaire à Ougadougou consacré à l'emploi et à la lutte contre la pauvreté le premier du genre , ils se sont engagés à consacrer 10 % de leurs budgets aux investissements dans le secteur agricole (70 % de la population africaine est rurale),