Même les institutions centenaires doivent un jour se transformer. Et c'est peut-être bientôt le moment pour Lazard. Propriété de la même famille depuis 1848, la banque d'affaires, présente à Paris, Londres et New York, et qui conseille les Etats et les entreprises de la planète avec une prédilection pour le secret, pourrait s'introduire en Bourse prochainement. Avec, comme conséquence, l'obligation de publier des résultats trimestriels, de répondre aux analystes et aux journalistes. Bref, à l'opposé de toute sa tradition, Lazard devrait se montrer transparent vis-à-vis de la communauté financière.
La décision doit maintenant être prise par Michel David-Weill, président de la banque et dernier héritier d'une longue lignée. A 72 ans, il a longuement résisté avant de devoir céder la maison familiale. Mais faute d'héritier masculin pour lui succéder, comme le voulait la tradition (il a eu quatre filles), il s'était résolu en 2001 à nommer l'Américain Bruce Wasserstein «head of Lazard» (patron opérationnel). En le présentant comme son dauphin. L'homme avait la carrure pour ce rôle. Sa réputation dans la banque d'affaires remonte aux années 80 quand, avec son associé Joseph Perella, il avait réalisé à Wall Street de célèbres coups de Bourse.
Résultats décevants. Depuis, David-Weill s'interrogeait sur son choix. Et critiquait en sourdine la politique de Wasserstein, consistant à recruter de nouveaux banquiers à un prix très élevé alors que le marché de la banque d'affaires n'est pas