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Libération

Une usine vidée à la manière forte

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Près de Lens, une trentaine d'ouvriers occupent leur site, «déménagé» sans explication.
publié le 5 octobre 2004 à 2h25

Lille, de notre correspondante.

Ils ont les yeux rougis par la fatigue, les mâchoires crispées. Ils étaient là, samedi, à 10 heures, quand leur entreprise a été vidée. Depuis, les caristes de Van der Linden, à Douvrin, près de Lens (Pas-de-Calais), sont toujours là. Ils piétinent la pelouse devant les grilles, se réchauffent les mains au feu dans des immenses bidons de métal. C'est ici que travaillaient vingt caristes et une dizaine de chauffeurs, tous sous-traitants de Prowell, un fabricant de plaques de carton ondulé.

Samedi, un cadre et huit chauffeurs de la maison mère néerlandaise, Stralin, et de sa filiale, Van der Linden, sont venus déménager le site, sans un mot. Seule explication qui court : le client Prowell aurait quatre mois de retard dans ses paiements. Ce que Prowell dément. «Au début, on les a laissés faire, on n'a pas tout de suite compris», raconte Philippe, 33 ans, cariste. Chariots élévateurs, camions, ordinateurs sont partis. «On a essayé de leur faire comprendre que le matériel, c'était notre outil de travail, notre pain», soupire Cédric, 23 ans. «On les connaissait un peu, c'est des chauffeurs. Quand on chargeait leurs camions assez vite, ils nous donnaient une bière, on se comprenait par gestes. Et voilà qu'ils sont prêts à nous rouler dessus.» Quand les salariés ont commencé à réagir, un autre a ouvert son camion et montré un stock de battes de base-ball. «Je disais aux autres : "C'est une caméra cachée, c'est pas possible..."», raconte Christophe, 34 a