Ce matin, dans son courrier personnel reçu à Matignon, Jean-Pierre Raffarin devrait trouver une Lettre ouverte au Premier ministre sonnant comme un rappel à l'ordre. L'expéditeur de cette courte missive, postée hier, c'est Xavier Carreau, vigneron, patron de la Fédération des grands vins de Bordeaux et également de Vin et societé, le lobby très organisé qui milite urbi et orbi pour «aménager» la loi Evin en sa faveur. Autrement dit pour permettre la libre publicité du vin, ce que le texte actuel interdit... pour le moment. Car un amendement au projet de loi sur les territoires ruraux pourrait, s'il est voté la semaine prochaine, neutraliser au plus vite la loi Evin en matière de pinard (lire ci-contre).
Mais, dans l'impatience de cette issue heureuse pour les viticulteurs, et très contrarié depuis l'été après la remise de son Livre blanc sur «la place du vin dans la societé», auquel Matignon n'a pas donné suite, Xavier Carreau se fâche dans sa lettre ouverte. Après avoir rappelé au Premier ministre qu'il avait «réservé un accueil favorable à ce livre», le patron de Vin et societé met la pression : «Nous attendons désormais confirmation de la politique que vous entendez mener en la matière», assène-t-il. Et de conclure par une menace du genre direct : «Prenons garde à ce que l'incompréhension née de propos malheureux, de projets maladroits ou d'absence de prise de position, ne débouche sur le désespoir des vignerons et négociants de France.»
Stocks inquiétants.
Un désespoir qui