Moscou de notre correspondante
S'agit-il vraiment de créer un nouveau géant public des hydrocarbures russes ? Ou de se partager les formidables recettes du pétrole et du gaz russes entre favoris de Vladimir Poutine ? Un mois après l'annonce d'un projet de fusion entre Gazprom, le quasi monopole du gaz, et Rosneft, le dernier groupe pétrolier resté aux mains de l'Etat, une bataille d'influence oppose les conseillers même du Président Poutine pour le contrôle de la nouvelle entité. Les coups qui se jouent au Kremlin restent obscurs, mais les enjeux sont évidents : Gazprom fournit près d'un quart du gaz de l'Union européenne et détient 20 % des réserves mondiales de gaz. Rosneft n'est que le septième producteur russe de pétrole mais, adossé à Gazprom, il pourrait racheter certains actifs du groupe pétrolier Ioukos que le Kremlin semble résolu à dépecer.
Serviteur loyal.
Dans une lettre à Poutine, révélée par le quotidien Kommersant, le patron de Rosneft, Sergeï Bogdanchikov, serviteur jusque-là loyal des intérêts du Kremlin, a dénoncé les modalités de la fusion préparées par les dirigeants de Gazprom. Manifestant en creux son hostilité à passer sous les ordres des hommes de Gazprom. Selon le géant du gaz, la fusion consisterait à échanger 10,7 % de ses actions contre la totalité du capital de Rosneft. L'Etat (qui contrôle 100 % de Rosneft et 39 % de Gazprom) verrait sa part dans la nouvelle entité Gazpromneft s'élever à 50 % plus une action. Face au plan du gazier, le patron de Ro