«Ça a commencé comme un conte de fées. Un endroit magique, le Jardin d'Acclimatation, un métier passionnant : organiser des événements pour les enfants...» Assise dans le couloir du conseil de prud'hommes de Paris, vendredi, le visage défait, Valérie, 34 ans, raconte comment la «magie» a viré au cauchemar. Cette ingénieur culturel, responsable de communication, poursuit son ex-employeur, le président du Jardin d'Acclimatation (1), pour harcèlement sexuel et moral. Elle attend son audience. «Je n'ai pas tout de suite voulu admettre que j'étais harcelée», raconte-t-elle avec difficulté. «C'était au départ des choses ambiguës. Il dépose un dossier : il vous frôle le sein. Puis c'est devenu plus clair : la main sur la taille, sur les hanches, sur les fesses. Les paroles vulgaires : "Comment vous sucez Valérie ?", "Je vais vous prendre sur mon bureau, Valérie". Il passait derrière moi quand j'étais assise, et me plaquait son sexe contre la nuque. A la fin, il mettait carrément sa main entre mes jambes.»
«Spirale». Valérie a du mal à expliquer pourquoi elle n'a pas réagi. «Je pense que je me suis laissée enfermer dans une spirale. J'avais peur de lui, j'aimais tellement mon travail, j'ai pensé que si je disais quelque chose, il me licencierait.» En juillet 2002, six ans après son embauche, elle tombe en dépression. Alertée, la médecine du travail la déclare inapte à reprendre ses anciennes fonctions, mais préconise un reclassement au sein du groupe LVMH, propriétaire du Jardin. Rec