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Libération
Interview

«Rendre l'activité des blanchisseurs plus difficile»

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publié le 11 octobre 2004 à 2h31

Jean-Louis Fort, 65 ans, ex-secrétaire général de la commission bancaire, est depuis juillet 2004, et pour un an, le nouveau président du Gafi, le Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux.

Quinze ans après sa création, le Gafi ne donne-t-il pas un sentiment d'impuissance ?

Il faut tirer un bilan sans fards et encourageant. Je mesure les faiblesses et les insuffisances par rapport à l'ambition de la mission initiale : le Gafi a péché par un déficit de faire-savoir comparé à son savoir-faire. Il a quand même rendu l'activité des blanchisseurs plus difficiles. Les 31 pays membres du Gafi ont tous eu des pressions politiques et ont traduit dans leur législation nationale des dispositifs préventifs et répressifs de lutte contre le blanchiment. Il reste énormément de choses à faire. C'est bien joli de mettre en place des dispositifs, mais il faut vérifier s'ils sont appliqués.

Le Gafi ne manque-t-il pas justement de moyens de contrôle ?

Le Gafi, ce n'est pas un building avec son nom sur le fronton. C'est une non-institution, un simple processus auquel se soumettent des membres pour diffuser de la vertu. Pour cela, ils acceptent «l'évaluation par les pairs», et il n'y a pas 36 façons de la faire : par des experts des autres membres. Encore faut-il que cela ne soit pas un exercice convenu et que les experts expertisent. Ces questions-là, je me les pose. J'ai été rassuré lors de réunions plénières du Gafi auxquelles j'ai assisté : certains pays ont dû affronter des tirs