Mickaël, 39 ans, ancien disc-jockey,
est chauffeur pour la société Elegance Taxi à Lyon.
«Pendant dix-sept ans, j'ai fait danser cinq cents personnes tous les soirs en discothèque. J'ai arrêté, c'était épuisant. Je suis devenu chauffeur de taxi. Mais c'est plus fort que moi : j'aime l'animation. Rester silencieux, enfermé avec un inconnu pendant des heures dans une voiture me paraît impossible. Alors je tente des choses. Je demande aux passagers ce qu'ils aiment comme musique et je leur passe des morceaux. Je leur fais des blind tests : s'ils devinent le titre de la chanson, ils gagnent une fraise Tagada.
«Avec certains hommes d'affaires, il faut se taire. D'autres n'attendent qu'un prétexte pour raconter leur vie. Ce sont rarement des récits de bonheur, ils parlent de leur solitude, de leurs problèmes de coeur. Une fois, un homme avait surpris sa femme au lit avec un autre homme. Il pleurait. C'est des histoires qui semblent sorties d'un vaudeville. Mais quand on vous raconte ça sur votre banquette arrière, ça fait quelque chose.
«L'image du taxi n'est pas valorisée. C'est comme le garagiste. Les gens pensent : lui, il connaît, moi pas, donc il va m'arnaquer. Evidemment, il y a des collègues qui rajoutent un petit virage par-ci par-là. Mais c'est une stratégie à court terme. Ce n'est pas comme ça qu'on se fait une clientèle.
«Il y a différentes façons de travailler. Ce que les taxis appellent "purger" : attendre le client dans les gares ou aéroports. J'aime pas trop. C'est la lo