Menu
Libération

Les altermondialistes entre Londres et la lumière

Article réservé aux abonnés
publié le 15 octobre 2004 à 2h35

Londres, envoyé spécial.

Après la formidable pression, un début de dépression ? «Comment on fait, maintenant, hein ? où on va ?» sourit ainsi une militante espagnole, seule avec son sac à dos, au pied du majestueux Alexandra Palace. Ce coeur encore déserté du troisième Forum social européen (FSE), qui s'ouvre à Londres aujourd'hui, répondra ­ en partie ­ à cette question existentielle. Mais essentielle.

Six ans après l'une de leurs premières victoires (le rejet par l'OCDE de l'AMI, l'accord multilatéral sur l'investissement), les altermondialistes peuvent-ils se satisfaire d'avoir, comme le souffle un syndicaliste italien, «bousculé l'ordre établi, jeté les bases d'une justice globale» ? D'avoir, via la multiple déclinaison des forums, «semé le réveil d'une société civile vraiment autonome», tel que l'énonce ce jeune juriste allemand en train de payer son droit de crécher, avec 5 000 autres alters, dans le Dôme du millénaire? Non, évidemment. «C'est vrai, pas un seul gouvernement en Europe n'a vraiment infléchi ses positions, on n'a pas une seule grande victoire sociale à notre actif», reconnaît Raoul-Marc Jennar, d'Oxfam Belgique.

Passé l'euphorie post-Seattle en 1999, ONG, associations, réseaux, se retrouvent-ils face à une crise de visibilité ? «On n'a pas encore été capables de construire des rapports de forces, estime Pierre Khalfa, de SUD. Mais on n'a jamais autant pesé dans les débats.» Simples sympathisants ou leaders d'ONG, beaucoup le reconnaissent : il faut passer un