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Libération

Dans le Nord, un plan social en maillots de bain.

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Après le dépôt de bilan de leur usine, les ouvrières de Coramy vendent leur stock en prévision de la liquidation.
publié le 16 octobre 2004 à 2h36

Gravelines, envoyée spéciale.

Ça sent le maillot de bain, une odeur d'élasthanne qui s'agrippe aux narines. Il y en a de toutes les tailles, sur des cintres, dans des cartons... Vendus à prix cassé, entre 1 euro pour les sous-marques et 6 euros pour les Dim, ces maillots de bain paieront peut-être le plan social des ouvrières de Coramy, usine de confection de maillots de bain à Gravelines, près de Dunkerque, en dépôt de bilan. C'est en tout cas ce qu'elles espèrent : dépasser les 100 000 euros en quatre jours, et profiter de tout ou partie de cette somme, dans l'éventualité ­ probable ­ de la liquidation, pour gonfler les maigres indemnités légales payées par les assurances patronales (1).

Coramy existait depuis quarante et un ans. L'entreprise travaillait pour différentes marques (Dim, Darjeeling, Petit Bateau...) et tenait 10 % du marché français, avec une production délocalisée aux trois quarts en Tunisie. Les deux filiales tunisiennes, qui assuraient le piquage, sont aussi au bord du dépôt de bilan. Explications de Marc Honoré, le patron : la concurrence de la Chine, permise par la baisse du dollar, et la concentration de la distribution qui fait baisser les prix. Il accuse aussi les 35 heures, «qui ont augmenté les coûts de production».

Ruée.

La vente, autorisée par l'administrateur judiciaire, aura duré quatre jours et s'achève samedi soir 18 heures. Du coup, c'est la ruée au premier étage du Sportica, le complexe sportif de Gravelines, prêté par le maire. Carole, 42 ans,