Vu de loin, le partage des rôles dans l'industrie pharmaceutique est simple : d'un côté, les gros labos spécialisés dans la recherche, pourvoyeurs de nouveaux médicaments. De l'autre, les génériqueurs, ces firmes expertes en copies à bas prix de molécules dont le brevet a expiré. Rares sont ceux qui misent sur les deux métiers. A peine la fusion entre Sanofi-Synthélabo et Aventis amorcée, le nouveau n° 3 mondial de la pharma décide de brouiller les pistes en relançant ces jours-ci une activité de génériques sous la marque Winthrop. La décision, confirmée à Libération par Etienne Jacob, vice-président de Sanofi-Aventis, en charge de la nouvelle division, a tout du tête-à- queue : jusque-là, Sanofi-Synthélabo était un acteur marginal de la scène générique. Aventis avait même revendu, fin 2003, sa filiale spécialisée RPG à l'indien Ranbaxy. Désormais, qu'on se le dise, les génériques sont «une orientation stratégique» pour le labo français, déclare Etienne Jacob.
Effet ciseau. Ce choix est un nouveau témoignage des turbulences qui secouent l'industrie pharmaceutique. Car tous les labos sont confrontés à un effet ciseau : d'un côté, ils peinent à découvrir des molécules susceptibles de leur rapporter gros, baptisées blockbusters. De l'autre, ils subissent la concurrence des génériqueurs qui poussent dans les officines leur propre version de médicaments à succès dès que leur brevet a expiré, vingt ans après leur mise à point. Un mouvement encouragé par des gouvernements soucieux