Douai (Nord) envoyée spéciale
«Boum !» Le bruit de l'explosion du sodium dans l'eau du canal secoue les vitres de la cour d'appel de Douai. La signature des ouvriers de Metaleurop. Les anciens fondeurs de plomb et de zinc de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), liquidés il y a un an et demi, disent toujours leur colère à coups de cette pâte à modeler qui explose au contact de l'eau. Un tiers d'entre eux a retrouvé un CDI. Sous les fenêtres du tribunal, environ 300 attendaient hier qu'on juge leur patron. En janvier 2003, sur un simple fax, la maison mère informait la fonderie centenaire qu'elle cessait de lui prêter des fonds. C'était la mort annoncée de l'usine, laissant sur le carreau environ 800 personnes, et 1 200 salariés de la sous-traitance, en plus d'une facture environnementale exorbitante : on estime à 22 millions d'euros le coût de la dépollution des terres imbibées de plomb. Derrière Metaleurop, il y avait Glencore, puissant actionnaire basé en Suisse. La classe politique unanime avait alors parlé de «patrons voyous».
Un an et demi après, aux côtés des ingénieurs, comptables, ouvriers, venus demander des comptes, avec les représentants des liquidateurs judiciaires, on n'a aperçu qu'un politique, l'ancien maire de Courcelles-lès-Lens, Ernest Vendeville, qui s'habille en noir depuis la fermeture de l'usine. Mais l'Etat continue discrètement de s'afficher aux côtés des salariés puisque, pour la troisième fois en un an et demi, un procureur a requis hier l'extension de la