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Libération
Interview

«Des métiers sans reconnaissance»

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Tania Angeloff, sociologue, analyse les spécificités de l'emploi à domicile:
publié le 25 octobre 2004 à 2h43
(mis à jour le 25 octobre 2004 à 2h43)

Sociologue à l'université Paris-IX-Dauphine, Tania Angeloff est spécialiste du temps partiel et du secteur de l'aide à domicile (1).

Pourquoi dites-vous que ce secteur est une «zone grise de l'emploi» ?

Le terme même d'aide à domicile est fourre-tout (2). Il recouvre une nébuleuse d'emplois : de la femme de ménage non déclarée à l'auxiliaire de vie qu'un centre social alloue à un adulte handicapé. Difficile aussi de savoir où s'arrête leur travail : la baby-sitter est-elle chargée de faire la lessive du linge de l'enfant ou celui de toute la famille ? Comment l'auxiliaire de vie jongle-t-elle entre les activités ménagères et le soutien psychologique qu'elle doit apporter à la personne âgée ? Ces emplois hors norme font voler en éclats les notions classiques de lieu et de temps de travail. La confusion entre espace professionnel et domicile privé peut facilement induire du harcèlement et de la violence symbolique. Comment contrôler ces métiers alors que les inspecteurs du travail et l'Urssaf n'ont pas le droit d'entrer au sein d'un domicile privé ? Les aides à domicile cumulent plusieurs employeurs, à des horaires décalés et flexibles, en fonction des besoins du patron. Elles remettent totalement en cause la norme de l'emploi à temps plein, sur un même lieu, pour un seul employeur.

Ce qui rend difficile la professionnalisation de ces métiers...

Les associations professionnelles et l'Etat prétendent que les métiers de l'aide à domicile sont des em