«Au début, tout se passait bien. Je partais à 8 heures du matin, revenais à 19. Pendant ce temps, ma nounou faisait le ménage, préparait les repas des gamins. Débordée, je l'envoyais faire les courses, acheter des médicaments. Peu à peu, elle a géré toute la maison. Un jour, je suis revenue du boulot : elle avait changé tous les meubles de place dans la chambre des enfants.» Ils sont 1,5 million en France (1) et l'histoire d'Amélie est leur cauchemar. «Premiers employeurs de France», les particuliers employeurs ont leur fédération, leur journal (La Voix du particulier employeur) et leur fantasme : à la maison, ils ne sont plus les patrons. «Il y a une telle pénurie dans le secteur de la garde d'enfants que le rapport de force est inversé : c'est la nounou qui choisit l'employeur, observe Martine Brasseur, directrice fédérale de la Fepem, Fédération des particuliers employeurs. Ça devient comme avec les assistantes maternelles : on a dû signer une convention collective pour rééquilibrer les rapports de force en faveur de l'employeur.»
Salariés la journée, les particuliers employeurs doivent endosser le costard du patron une fois rentrés chez eux. Ce qui n'a rien d'évident. «Encore faudrait-il qu'ils se reconnaissent comme employeurs, soupire Martine Brasseur. Qu'ils sachent par exemple qu'une convention collective existe...» Une relation d'autorité d'autant plus difficile à gérer pour la génération post-soixante-huitarde, qui rechigne à donner des ordres. Comme Pierre, 35 ans,