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Libération

Egypte: le souk populaire ratisse large

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publié le 1er novembre 2004 à 2h49

Le Caire de notre correspondante

A même le sol, sur une bâche trouée, il a posé pêle-mêle des centaines de ressorts rouillés, chaussures orphelines, cadrans de téléphones cassés, poupées unijambistes. De l'autre côté du chemin de terre, le marchand d'en face règne lui aussi sur un invraisemblable bric-à-brac poussiéreux et hors d'usage. Plus loin, c'est la foire aux télécommandes, puis celle des carrelages ébréchés. Viennent encore les sanitaires usagés, les vieux tissus, les chambres à coucher d'occasion, les outils, les chiens, serpents, poissons et animaux en voie de disparition, le tout ponctué d'innombrables bateleurs et de vendeurs de portables à l'origine douteuse.

Dépenses accrues. Le tentaculaire souk el-Goma'a (marché du vendredi) s'étend sur plusieurs kilomètres carrés à l'est du Caire, longeant la Cité des morts, gigantesque cimetière, où près d'un demi-million de personnes vivent dans des abris, plus ou moins précaires, entre les tombes. Hier fréquenté par les plus pauvres, il l'est aujourd'hui par le plus grand nombre. Si la grande bourgeoisie ignore jusqu'à son existence, les classes moyennes ont depuis trois ans trouvé son chemin. «Les prix sont entre 50 et 80 % plus bas qu'ailleurs», affirme un habitué des lieux. Un moyen de dépenser moins, mais aussi de vendre, pour faire face à la crise dans laquelle s'enfonce l'économie égyptienne. Le pays compte désormais 20 % de chômeurs et près de la moitié de sa population vit avec moins de 2 euros par jour. L'an dernie