Lille envoyée spéciale
En Pologne, Ursula travaillait en cardiologie à l'hôpital d'Opole Lubelskie, au sud-ouest de Varsovie. Quarante heures par semaine pour 200 euros par mois. Pour s'acheter l'essentiel, elle pointait également chez un médecin privé, à un euro de l'heure. Et ses jours de congés, elle les passait sur les chaînes de la conserverie de la ville, à mettre des fruits en boîte. Magdalena, elle, a 33 ans. Elle travaillait à l'hôpital pour enfants de Lublin, 45 heures par semaine. Puis au sanatorium, 20 heures par semaine. Et six nuits par mois chez un médecin privé. En tout, elle empochait 400 euros. Aujourd'hui, Ursula et Magda arpentent en blouse blanche les couloirs du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Lille (Nord). Et touchent 1 400 euros nets.
Elles sont arrivées à treize en septembre. Treize infirmières pour un contrat de dix-huit mois au CHRU de Lille, dans le cadre d'une opération montée par la Délégation aux affaires européennes et internationales du ministère du Travail. Treize infirmières à avoir pu déroger à la fermeture du marché du travail français. Elles parlent d'une «riche expérience personnelle», d'une «découverte des coutumes françaises». Le ministère et l'hôpital embrayent sur «l'amitié franco-polonaise». Mais si elles ont eu l'aubaine de venir en France, c'est avant tout parce que les hôpitaux français manquent d'infirmières, alors que le chômage toucherait 5 000 d'entre elles en Pologne. «C'est une opération symbolique, recon