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Libération

Incroyable réintégration dans une usine fantôme de Michelin

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publié le 6 novembre 2004 à 2h53

Soissons, envoyée spéciale.

C'était comme un signe. Alors que les ouvriers de Wolber sortaient de la salle des prud'hommes de Soissons (Aisne), les cloches de la cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais toute proche se sont mises à sonner à pleine volée. Comme pour saluer une victoire juridique de grande importance. Les juges du code du travail ont prononcé, vendredi, la réintégration des salariés du fabriquant de pneus de vélo, filiale de Michelin. Un fait exceptionnel dans l'histoire du droit du travail. En juillet 1999, le géant du pneu avait décidé de fermer sans discussion cette usine qui employait 451 salariés, en délocalisant la production en Inde. A l'époque, le groupe avait annoncé la suppression de 10 % de ses effectifs en Europe, soit 7 500 suppressions de poste, en même temps que des résultats financiers exceptionnellement bons.

Nullité.

Les salariés ne s'en sont toujours pas remis : selon la CGT majoritaire et qui continue à tenir un compte précis de la situation de chacun, seuls un tiers d'entre eux ­ surtout les hommes jeunes ­ a retrouvé des emplois. Près de la moitié des ouvriers de Wolber poursuivent Michelin en justice depuis 1999 pour faire annuler les licenciements. Cinq ans après, peu y croyaient encore. D'autant qu'un premier groupe de 147 plaignants avait obtenu de la cour d'appel d'Amiens, en octobre 2003, la reconnaissance de la nullité des licenciements, mais pas la réintégration. Le juge avait réglé l'affaire à coups de dommages et intérêts. Les 115 pe