Bruxelles, correspondance.
C'est ce qu'on appelle un fiasco. L'«amnistie fiscale» belge, lancée en janvier, a, pour le moment, rapporté 47 millions d'euros, soit 5,5 % de l'objectif initial que s'était fixé le gouvernement belge. Les fraudeurs ont encore jusqu'au 31 décembre 2004 pour régulariser leur situation, mais, à moins d'un sursaut spectaculaire, la récolte sera maigre. De quoi faire réfléchir ceux qui songent à recourir à ce nouvel instrument budgétaire à la mode pour renflouer les caisses de l'Etat.
Après l'Allemagne et l'Italie, le gouvernement belge s'était laissé tenter par l'«amnistie fiscale», nommée de manière politiquement correcte «déclaration unique libératoire». Fin 2003, la coalition sociale-libérale au pouvoir a fait voter une loi permettant aux habitants du royaume de déclarer à une institution financière les «sommes, capitaux ou valeurs mobilières» planqués à l'étranger avant le 1er juin 2003, moyennant une taxe équivalente à 9 % du capital (ou 6 % si ce capital est réinvesti dans l'économie européenne). Les libéraux étaient sûrs de leur coup. L'opération visait près de 160 milliards d'euros de patrimoine dissimulés par les Belges, selon la Banque nationale de Belgique. Il suffisait donc qu'un peu moins de 10 % de ces capitaux soient régularisés pour que les pénalités récoltées atteignent l'objectif du gouvernement, soit 850 millions d'euros. Les socialistes se sont laissé convaincre «par pragmatisme». Dix mois plus tard, on est loin du compte.
Faut-il en