Il y a près de trente ans, les premiers producteurs de chaussettes de cette bourgade rurale de l'est de la Chine étaient des paysans qui avaient récupéré de vieilles machines manuelles, et vendaient illégalement leur production au bord des routes. Aujourd'hui, Datang et les dix-huit communes alentour produisent 35 % des chaussettes de la planète, et affichent un optimisme que ne viennent pas entacher les menaces européennes ou américaines contre le textile chinois (lire ci-dessous).
Datang est un cas d'école de ce capitalisme à la chinoise qui avance à tâtons mais à grande vitesse, mêlant un esprit d'entreprise brouillon et un encadrement étatique volontariste.
Dans ce district de la province du Zhejiang, au sud de Shanghai, quelque 10 000 entreprises se consacrent à la chaussette, un sujet d'autant plus sérieux qu'il emploie près de 200 000 personnes et a généré quelques grandes fortunes. Soit plus de six milliards de paires produites par an, en partie exportées dans une cinquantaine de pays, dont la France. Dans un rayon de 10 km, on trouve tout ce qui est nécessaire à la chaussette : la production de fibres, naturelles ou synthétiques ; des usines de toutes tailles, de la plus grande qui exporte, à l'entreprise familiale qui aligne 20 machines dans le salon ; et enfin la logistique nécessaire pour évacuer la production. A 50 km au sud, se trouve le gigantesque marché de Yiwu, qui attire des acheteurs du monde entier pour les productions bon marché chinoises et, à la même di